Maurice,
officiellement république de Maurice, île de l'océan
Indien appartenant à l'archipel des Mascareignes, à l'est
de Madagascar et au nord-est de l'île de la Réunion, comprenant
l'île Maurice proprement dite, d'une superficie de 1 865 km2,
l'île Rodrigues (104 km2) à l'est, et l'île Agalega
au nord ainsi que l'archipel de Saint-Brandon (ou écueils de Cargados
Carajos) au nord-est, qui totalisent 71 km2. La superficie totale
du pays atteint 2 040 km². L'île Maurice revendique l'archipel
des Chagos au nord-est dont l'île de Diego Garcia devenue une base
militaire américaine.
D'origine
volcanique, l'île s'élève, à partir d'une
plaine basse située au nord, jusqu'à un plateau central
couvert de plusieurs lacs et d'où partent de nombreux cours d'eau.
Le Sud, essentiellement montagneux, culmine au piton de la Petite Rivière
Noire (828 m). L'île est presque encerclée de récifs
de corail, mais Port-Louis, la capitale, possède un excellent
port accessible aux navires de haute mer. Le climat est tropical, généralement
humide, avec une température moyenne de 26,7?°C sur la côte,
mais plus basse sur le plateau central, où l'on enregistre aussi
les plus fortes précipitations (5 080 mm par an, en
moyenne). De violentes tempêtes cycloniques sont fréquentes
durant la saison chaude, de décembre à avril. Le sol,
relativement fertile, constitue la principale ressource naturelle.
La population mauricienne était estimée, en 1998, à
1,17 millions d'habitants, soit une densité très forte,
de 573 habitants au km². Port-Louis, capitale et plus grande ville,
compte autour de 180 000 habitants (estimation 1990). Environ
deux tiers des Mauriciens sont d'origine indienne. Le reste de la population
se compose surtout de métis d'origine africaine, suivis de minorités
européenne et indienne. Un peu plus de la moitié de la
population est de religion hindoue, le reste se partageant entre catholiques
(32 p. 100) et musulmans (16 p. 100). La langue
officielle est l'anglais (depuis 1827), mais le français et le
créole sont couramment parlés.
L'économie de Maurice est de tradition agricole : l'exploitation
de la canne à sucre occupe plus de la moitié des terres
cultivées, et l'île produit également du thé,
des arachides, du tabac et des légumes. Le secteur agroalimentaire
(raffineries de sucre, boissons, etc.) permet d'importantes exportations
de sucre et de mélasse, mais l'économie de l'île
repose de plus en plus sur le textile, qui a connu un grand essor dans
les années quatre-vingt. Au cours de la décennie précédente,
Maurice a commencé son ouverture au tourisme (qui assure désormais
15 p. 100 de son PIB) et aux capitaux étrangers (création,
en 1970, d'une zone franche qui accueille plus de 500 entreprises
et assure 12,5 p. 100 du PIB).
La monnaie du pays est la roupie mauricienne, divisée en 100 cents,
et son PIB s'élevait, en 1997, à 4,40 milliards de dollars.
Indépendante depuis 1968, l'île a été dirigée
jusqu'en 1992 par un gouverneur général représentant
le souverain britannique, en qui résidait, en principe, le pouvoir
exécutif. Maurice est devenue une république en mars 1992?;
le gouverneur général en place assuma les fonctions présidentielles
jusqu'à l'élection d'un nouveau président et d'un
vice-président par l'Assemblée législative. Le
chef du gouvernement est le Premier ministre, qui préside le
Conseil des ministres.
Membre de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), Maurice
bénéficie d'un accord spécial avec l'Union européenne,
dans le cadre des conventions de Lomé.
Bien que peuplée depuis moins de quatre cents ans, Maurice a
probablement été visitée par les Arabes avant le
Xe siècle, par les Malais au début du XVe siècle
et par les Portugais au début du XVIe siècle. Elle
est encore déserte lorsque les Hollandais la baptisent Mauricius,
en 1598, en l'honneur de Maurice de Nassau, alors stathouder des Pays-Bas.
Ils y établissent quelques colonies au cours du XVIIe siècle,
mais abandonnent l'île en 1710. Cinq ans plus tard, les Français
en prennent possession et la renomment «?îsle de France?».
Conquise par les Britanniques en 1810, au cours des guerres napoléoniennes,
puis cédée officiellement au Royaume-Uni en 1814, l'île
reprend le nom de Maurice. Pour remédier à la pénurie
de main-d'uvre faisant suite à l'abolition de l'esclavage
dans l'Empire britannique (1835), les planteurs sont autorisés
à faire venir d'Inde des travailleurs sous contrat (environ 450 000
au total), puis l'immigration demeure essentiellement indienne.
Économiquement fragile en raison de sa dépendance vis-à-vis
des importations de riz, l'île connaît, après 1945,
une poussée de contestation politique amorcée par les
milieux syndicaux. Après avoir obtenu un statut d'autonomie en
1965, les 2 000 habitants de l'île de Diego Garcia dans
l'archipel des Chagos sont expulsés vers l'île Maurice,
et Diego Garcia devient une base militaire britannique que la Grande-Bretagne
loue depuis 1971 aux États-Unis. Maurice accède à
l'indépendance le 12 mars 1968, dans le cadre du Commonwealth,
et est gouvernée pendant quatorze ans par le chef du Parti travailliste,
sir Seewoosagur Ramgoolam. L'opposition de gauche, dominée par
le Mouvement militant mauricien (MMM) dirigé par Paul Bérenger,
se renforce au cours des années soixante-dix et prend le pouvoir
en 1982 sous la conduite d'Aneerood Jugnauth. Devenu Premier ministre,
celui-ci fonde dès l'année suivante un nouveau parti,
le Mouvement socialiste mauricien (MSM). Allié au Parti travailliste,
le MSM sort vainqueur des élections législatives organisées
en août 1983 à la suite de la dissolution de l'Assemblée.
La coalition de Jugnauth est réélue en 1987, puis en 1991.
L'année suivante, l'île devient une république et
l'ancien gouverneur général, Veerasamy Ringadoo, assure
la présidence jusqu'à l'élection à cette
fonction, le 30 juin 1992, de Cassam Uteem, avec Jugnauth pour
Premier ministre. Mais le Parti travailliste rompt avec le MSM et s'allie
au MMM de Paul Bérenger avec lequel il remporte les élections
législatives de décembre 1995. Navin Ramgoolam, fils de
S. Ramgoolam, devient alors Premier ministre. Cependant, par suite
de tensions au sein de la coalition, le vice-Premier ministre Paul Bérenger
(MMM) quitte le gouvernement en juin 1997. Resté seul au pouvoir,
le Parti travailliste, majoritaire, doit faire face à une situation
économique difficile, marquée par les mauvais résultats
de la production agricole, en partie compensés par le développement
du tourisme.
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